Vendredi 26 novembre 2021 la traditionnelle Rando'clim automnale a eu lieu sur le sentier de Sainte-Anne de Champfrémont.
Depuis l’inauguration du sentier en 2018, des personnes intéressées et des membres des associations qui soutiennent ce projet (Amis de Sainte-Anne, Confrérie, Sentine) se sont retrouvées plusieurs fois par an avec le CPIE (Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement Mayenne-Bas-Maine), pour observer la feuillaison, la floraison, la fructification et la sénescence des vingt arbres répertoriés du sentier et du verger conservatoire dans l'objectif de d'étudier l’impact local du réchauffement climatique.
Pour une présentation plus détaillée des sentiers Rando'clim des Pays de la Loire, cliquez sur le lien suivant : Inauguration du sentier Rando'clim
Hélas le Covid a cette année encore perturbé cette activité et deux rendez-vous ont dû être annulés en mai puis en juillet.
C'est donc avec plaisir que nous nous somme retrouvés avec Alban, chargé d'études environnement au CPIE.
Pourtant il ne faisait pas beau ce vendredi ! Froid, pluie... Certains se sont découragés et quatre personnes ont annulé leur participation. Nous étions quand même neuf : en plus d'Alban étaient présents Francis le président des Amis de Sainte-Anne, Michel le Grand Maistre de la Confrérie, Daniel et Liliane responsables de La Sentine, Olivier et Catherine à la fois membres de la Confrérie et des Amis de Sainte-Anne, Gérard bénévole du CPIE et Denis.
Cette Rando'clim était axée sur l'observation de la diversité des fruits de nos arbres et arbustes. Il s'agissait d'apprendre à les reconnaitre et de découvrir des techniques pour conserver, planter et faire naitre nos arbres de demain.
Après une petite présentation du projet Rando'clim, Alban a commencé par nous parler du "Label Végétal Local". Qu'est-ce donc que ce label ???
Le Label Végétal Local permet de certifier qu'un plant vient d'un massif donné. Chez nous il s'agit du Massif armoricain puisque nous sommes une région à la marge de ce massif et du Bassin parisien (qui commence avec la région alençonnaise). Le label va aussi certifier la traçabilité de l'essence : de la récolte de la graine à la plantation de l'arbre. En Mayenne seul deux pépiniéristes possèdent ce label.
Le Label Végétal Local est utile pour les pépinières et les collecteurs de graines des végétaux sauvages, mais préserver les végétaux locaux peut aussi être une démarche pour répondre au réchauffement climatique. Certains de nos arbres disparaissent comme le Cormier (Sorbus domestica) et il peut être utile de travailler à leur préservation. D'autres sont bien adaptés au sol et au climat local. Les préserver permet d'avoir des espèce poussant bien dans notre région. Par exemple un chêne ayant poussé dans le Bassin parisien en terrain calcaire ne poussera pas bien chez nous, en terrain granitique.
Il est donc important de préserver cette biodiversité arborée en favorisant les graines locales pour l'avenir de nos arbres !
Après ce préambule nous avons pris le chemin du Bélier, histoire de nous réchauffer en marchant un peu. Hélas la pluie nous a accompagnés !
Alban nous a expliqué que le fruit provient du pistil de la fleur qui se transforme après la pollinisation. Il a ensuite abordé la classification des fruits (nous avons même eu droit à une petite fiche !)
- charnus, à noyau comme les merises, à pépins ou faux-fruit comme la fraise dont les graines entourent le fruit ou la pomme dont le fruit est en fait uniquement le trognon où se trouvent les pépins.
- non charnus sans jus, en forme d'étui comme les haricots ou en boite fermée comme les noisettes, glands, châtaignes, faînes, samares... Ce sont les plus nombreux sur notre sentier Rando'clim.
Cela correspond à deux modes de reproduction différents : la pomme cherche à attirer les animaux qui en la mangeant vont disséminer ses pépins, la noisette ou le gland privilégient un tégument solide protecteur.
Il a aussi été beaucoup question de génétique. Les gènes contiennent de l'ADN porteur de messages, ils peuvent se modifier, ce qui amène les modifications génétiques.
L'exemple souvent cité d'adaptation à l'évolution de son milieu naturel par des mutations génétiques est celui d'un papillon, la phalène du bouleau (Biston betularia) qui était blanc donc peu visible sur le tronc blanc des bouleaux. Après la révolution industrielle, les fumées se déposant sur les bouleaux, la sélection naturelle a provoqué une prédominance de la forme gris sombre de la phalène et la forme claire a quasiment disparu.
Les collecteurs de graines doivent donc respecter certaines règles :
- ne recueillir des graines que dans une haie ou un bois existant depuis plus de 50 ans (pour être certains qu'il ne s'agit pas d'une espèce rapportée d'une autre région récemment)
- ne collecter que 30% de graines au même endroit pour préserver la reproduction naturelle in situ de l'espèce
- collecter sur trois sites différents pour préserver la diversité génétique et assurer un brassage des gènes.
Alban nous a expliqué que certaines essences sont plus faciles que d'autres à mettre en pépinières.
Le gland par exemple germe vite, n'aime pas le dessèchement ni la moisissure. Il doit donc être semé rapidement pour ne pas se dessécher.
Tout le monde connait le fruit du noisetier (Corylus avellena) ! Le noisetier se ressème très facilement... avec l'aide des écureuils ou des sittelles qui enterrent des noisettes pour faire des provisions. On retrouve ainsi une multitude de petit plants de noisetiers disséminés par les animaux.
Concernant le néflier la graine doit être soigneusement nettoyée de la chair. Puis elle doit être conservée jusqu'à deux ans entre 3° et 4° avant la plantation.
Il faut aussi savoir que toutes les graines plantées ne germent pas ce explique les différences de prix entre les plants.
La pomme que nous consommons aujourd'hui provient de pommiers cultivés (Malus domestica) descendants de pommiers sauvages (Malus sylvestris), lesquels donnent des fruits petits et amers consommée par l'homme depuis le néolithique sur les plateaux d'Asie centrale. Malus sylvestris se reproduit par semis et chaque graine (les pépins) donne un arbre différent. Les pommiers ont été sélectionné tout d'abord naturellement par les ours qui mangeaient les meilleurs pommes et en disséminaient les pépins dans leurs excréments puis par les hommes par greffage.
Voir à ce sujet notre article : L'origine de la pomme
Si on sème les pépins d'une pomme on n'a aucune garantie sur le résultat !
Il en va de même des poiriers communs (Pyrus communis).
Après ces explications nous avons entrepris de chercher des graines dans la partie haute du sentier ce qui n'est plus très facile en cette saison.
Il restait quelques chataignes, le fruit du châtaignier commun (Castanea sativa). La châtaigne est mûre quand la bogue s'ouvre d'elle-même.
Puis nous sommes redescendus vers le site de Sainte-Anne.
Revenus aux préaux de Sainte-Anne nous avons examiné les fruits récoltés: marrons, châtaignes , faînes, samares (les fruits du frêne).
Puis Alban nous a montré des tableaux indiquant les périodes idéales de récolte et plantation. Ces tableaux sont siponibles au CPIE pour les personnes qui voudraient planter des graines.
À la fin de la sortie un verre de l'amitié a été offert par la Confrérie des Fins Goustiers.
Et nous avons échangé des informations sur nos associations.
Une autres sortie-découverte sur le même thème avait eu lieu deux jours auparavant à Mayenne sur un autre sentier Rando'clim.
Pour le compte-rendus et les photos des précédentes Rando'clim de Sainte-Anne de Champfrémont, cliquez sur les liens suivants :
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