Vendredi 30 novembre 2018 Amélie Derouault, chargée d’études environnement au Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) Mayenne-Bas-Maine, est venue à Sainte-Anne de Champfrémont faire un passage sur l'itinéraire Rando'Clim pour observer la fin de la sénescence des feuilles.
Ce sentier mis en place par le CPIE, avec le soutien de la région des Pays de la Loire, du département de la Mayenne, de la CCMA, de la municipalité de Champfrémont et des associations locales, comprend dix espèces d'arbres (deux de chaque espèce) répertoriés et identifiés par des panneaux. Pendant dix ans, ces arbres seront observés de manière à évaluer les effets sur eux des changements climatiques.
Les circuits Rando'clim existant dans les Pays de la Loire permettent aux randonneurs, promeneurs, naturalistes ou simples usagers de chemins de participer à cette étude de manière ludique.
Douze personnes se sont donc retrouvées à Sainte-Anne de Champfrémont autour d’Amélie Derouault. Il y avait là des membres de la Sentine, du CPIE, des Amis de Sainte-Anne, de la Confrérie des Fins Goustiers et une personne venue grâce à l’annonce de cette sortie sur le site de la Communauté de communes du mont des Avaloirs.
Il ne fait pas très chaud ! Mais au moins il ne pleut pas contrairement aux prévisions de la météo !
Le sentier Rando'clim de Sainte-Anne de Champfrémont a été inauguré le 7 avril 2018 en présence de Daniel Lenoir, président de la CCMA, de Christine Foubert, présidente du CPIE, de représentantes de la municipalité de Champfrémont et de nombreuses associations dont la Confrérie des Fins Goustiers du Haut-Maine et Pail et les Amis de Sainte-Anne de Champfrémont et de Multonne.
Pour plus de détails sur ce projet, cliquez sur le lien suivant : Sentier Rando'clim de Sainte-Anne de Champfrémont
Un magnifique soleil automnal nous accueille sur le site de Sainte-Anne. Il éclaire les feuilles, encore sur les arbres ou au sol, dont les couleurs déploient toute une palette de vert, jaune, orange et brun. Le chemin de la fontaine est magnifique.
Il s’agit justement pour nous d’observer les feuilles et de noter l’avancée de leur chute.
Chaque arbre du circuit est marqué par un panneau en aluminium recouvert d’un film plastique, fixé sur un piquet de châtaignier.
Quatre évènements phénologiques sont à observer sur ces arbres :
1 - La feuillaison, qui a lieu à partir du mois de mars. L'observation consiste à déterminer approximativement le pourcentage de feuilles « étalées » (de forme bien visible et plane) de l'arbre. Pour certaines espèces, comme le lierre ou le chèvrefeuille, on ne peut observer ce stade puisqu'elles ont des feuilles persistantes.
2 - La floraison, en mai-juin. Certains arbres présentent des fleurs classiques. À maturité sexuelle elle sont complètement ouvertes. C'est ce stade qu'il faut observer en notant le pourcentage de fleurs épanouies à la date du passage. Le châtaigner, le noisetier, le bouleau ou le hêtre ont des chatons libérant du pollen comme fleurs mâles. Les fleurs mâles du chêne sont des chapelets jaunâtres discrets et pendants.
3 - La fructification s'observe en juillet-aout. Il faut alors noter le pourcentage de fruits sains à maturité (ayant changé de couleur ou étant tombés). On ne peut observer la fructification du bouleau verruqueux, les fruits du lierre et du sureau deviennent noirs quand ils sont mûrs, ceux du robinier et du frêne forment des grappes marron.
4 - La sénescence correspond à la chute des feuilles qui changent alors de couleur et se constate à partir du mois d'octobre. Là encore il faut noter le pourcentage de feuilles ayant subi ce processus (quelques feuilles, 10%, 50% ou 90%). Ce stade n'existe pas pour les espèces à feuilles persistantes. Le chêne et le hêtre sont des arbres à feuilles marcescentes, c'est à dire que même mortes, elles restent sur les branches pendant l'hiver.
C'est ce stade de la sénescence que le passage du 30 novembre nous permet d'observer.
Les deux noisetiers (Corylus avellana) ont déjà perdus toutes leurs feuilles mais ils portent déjà des petits chatons (qui sont les fleurs mâles du noisetier) et qui fleuriront en janvier/février. Ce seront alors les premières fleurs de l’année observables.
Joseph nous indique qu’en patois mayennais on appelait, quand il était petit, les « chatons » du noisetier des « moutons ». La discussion qui s’ensuit est l’occasion d’expliquer ce qu’est un « acotât » (perche permettant par exemple de soulever une branche trop chargée de fruits), que « s’acoter » signifie s’appuyer, que par chez nous on disait « piesser » pour plesser une haie (méthode consistant à plier et tresser les jeunes branches pour transformer une haie en une barrière impénétrable) pour « bourder » (enfermer, bloquer) les « bêtes » (les vaches).
Pour plus d’informations sur le parler-gallo mayennais cliquez sur le lien suivant : Le parler-gallo mayennais.
Et pour un lexique cliquez sur : Lexique de parler mayennais.
Huit des dix espèces choisies se trouvent sur une partie du « Sentier pédagogique des quatre saisons des cinq sens » reliant Ravigny à Champfrémont, créé à l'initiative de l'association de randonnée « La Sentine » et de Pierre Transon, instituteur à Ravigny.
Le premier kilomètre permet d'observer hêtre, frêne, noisetier, bouleau, chêne, aubépine, châtaigner et merisier. Deux stations existent pour chaque espèce, soit vingt arbres en tout.
Il est ensuite possible de faire une boucle pour regagner le site de Sainte-Anne de Champfrémont, ce qui fait alors un circuit d'un peu plus de trois kilomètres.
Les fruits du frêne (Fraxinus excelsior) s’appellent des samares. Ils se présentent en grappes de dix à vingt et mesurent de deux à quatre centimètres de long.
La plupart des vingt arbres du circuit ne possèdent plus à cette époque de l’année que 10% de leur feuillage et même souvent moins. Par contre, chez les chênes pédonculés (Quercus robur), il est encore en grande partie intact car, même si les feuilles du chêne jaunissent, elles restent accrochées presque tout l’hiver. On dit qu’elles sont marcescentes.
Les deux aubépines monogynes (Crataegus monogyna) ne présentent par contre plus que quelques fruits : les cenelles à la chair un peu farineuse autour d’un unique noyau (c’est le sens de monogyne).
Une des particularité de ce sentier Rando'clim de Sainte-Anne de Champfrémont est de comporter des arbres fruitiers : deux pommiers et deux poiriers du verger conservatoire crée en 1994-1995 sont concernés par cette étude.
Les deux pommiers (Malus domestica) choisis sont des pommiers de la variété « Doux Normandie ».
Dans le verger, pommiers et poiriers sont déjà quasiment tous dépouillés. Seules quelques variétés comme Bellière (ou Béyère) ont encore feuilles et pommes croquantes et acidulées.
La pluie nous surprend alors que nous sommes dans le verger.
Actuellement une dizaine de sentiers Rando’clim ont été ouverts par les CPIE dans la région des pays de la Loire. La remontée des informations sur les espèces choisies, communes à l’ensemble des pays de la Loire, permettront de comparer la manière dont les arbres réagissent aux changements climatiques selon l’endroit. L’étude va durer dix années. L’objectif est de comparer, année après année, les dates des différents évènements phénologiques.
Le circuit de Sainte-Anne de Champfrémont, situé dans le massif de Multonne, au pied du mont des Avaloirs, présente l’intérêt d’être relativement en altitude et plus au nord que les autres.
Les fiches d'observation sont disponibles à la CCMA, au CPIE et à la mairie de Champfrémont.
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