Le vendredi 2 octobre 2020, la désormais traditionnelle Rando'clim automnale a eu lieu sur le sentier de Sainte-Anne de Champfrémont, après que la randonnée printanière du 3 avril ait dû être annulée pour cause du coranavirus.
Quinze personnes se sont retrouvées à 14 h sur le site de la chapelle autour d’Alban Baudouin, qui a remplacé Amélie Derouault comme chargé d'études environnement au Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement Mayenne-Bas-Maine (CPIE). Toutes et tous avaient de bonnes chaussures, une tenue adaptée à la saison et des masques. Par chance le beau temps était de la partie et la tempête Alex, qui soufflait alors sur la Bretagne et le Sud-Ouest de la France, avait épargné le Nord-Est mayennais.
Il y avait là des membres des associations qui soutiennent ce projet depuis l’inauguration du sentier en 2018 comme Les amis de Sainte-Anne de Champfrémont et de Multonne et la Confrérie des Fins Goustiers du Haut-Maine et Pail, ou depuis sa création tel La Sentine et le Groupe Ornithologique des Avaloirs (GOA), mais également Michel Froger, maire de Ravigny et des personnes simplement intéressées, sans appartenir à ces associations, car ce projet est ouvert à toutes et à tous.
Pour une présentation plus détaillée des sentiers Rando'clim des Pays de la Loire, cliquez sur le lien suivant : Inauguration du sentier Rando'clim
Alban Baudouin, après avoir présenté le sentier de Sainte-Anne et les objectifs du programme de science participative Rando'clim, a fait découvrir aux participants une application mobile en cours d'élaboration qui devrait permettre aux randonneurs de transmettre plus facilement leurs observations qu'actuellement. Les panneaux identifiant les arbres comprendront à partir de 2021 un QRcode à scanner, chacun pourra entrer les informations sur la feuillaison, la floraison, la fructification et la sénescence des arbres et il ne sera plus nécessaire de remplir la fiche de terrain et de la faire ensuite parvenir au CPIE.
La randonnée a permis aux participants de noter le stade de chute des feuilles atteint par les vingt arbres répertoriés le long du sentier, de profiter des connaissances d’Alban sur la botanique et d’échanger entre eux de manière fructueuse sur les arbres, leurs fruits, les recettes de cuisine, les pratiques anciennes, les vertus de telle ou telle plantes…
L'observation d'un Frêne au départ du Chemin du Bélier (maintenant indiqué par un beau panneau réalisé et mis en place par Les Amis de Sainte-Anne), arbre qui semblait avoir de nombreuses branches malades, a donné à Alban l'occasion de nous parler de la Chalarose du frêne, une maladie surtout présente en France dans le Nord, l'Est et les Alpes, mais qui se répand de plus en plus. Elle est provoquée par un champignon pathogène et se manifeste par une nécrose des jeunes branches et des extrémités. Cela peut aller jusqu'à la destruction de l'arbre. Lorsqu'un arbre jeune est touché il faut tailler les branches malades, ou transformer l'arbre en têtard quand cela est possible.
Plus joyeux, nous avons grignoté des faînes (les fruits du hêtre voisin) et évoqué la Frênette, boisson traditionnelle légèrement alcoolisée préparée à l'origine uniquement à base de feuilles de frêne et d'eau. Sur les feuilles de frêne se trouvent en effet des pucerons qui piquent la feuille, lui faisant extruder de la sève, qui ajoutée au miellat légèrement sucré des pucerons, provoque la fermentation. Pour accélérer le processus on y ajoute en général du sucre.
Sur le même principe on fabrique aussi dans les campagnes la Surette en faisant fermenter des fleurs de sureau dans de l'eau avec du sucre et du citron.
Un très vieux (et magnifique) Bouleau verruqueux près de la fontaine Sainte-Anne (ou source du Bélier) nous a permis d'évoquer les cures de sève de bouleau, certains des participants en recueillant chaque année, et la différence entre le Bouleau verruqueux dont les feuilles sont glabres et le Bouleau pubescent aux feuilles duveteuses argentées.
Pour plus de détails sur la légende de la source du Bélier cliquez sur le lien suivant : Légendes d'cheu nous
En remontant vers la forêt de Multonne, Alban nous a expliqué comment reconnaitre le Chêne pédonculé (dont les glands se trouvent au bout d'un pédoncule) du Chêne sessile (pour qui ce n'est pas le cas). Nous avons aussi parlé de la farine de glands de chêne autrefois fabriquée dans les campagnes avec les fruits bien mûrs et parfois torréfiée pour faire un succédané de café.
Les deux Aubépines monogynes sont aussi l'occasion d'apprendre de nouvelles choses. Ce nom signifie que cette aubépine n'a qu'un seul pistil donc un seul ovaire et que le fruit n'a donc qu'un seul noyau, contrairement à l'Aubépine laevigata qui en a deux. L'aubépine est l'arbuste emblématique des haies de notre région, mais elle est aussi un vecteur du feu bactérien qui atteint les pommiers et les poiriers. Lors de la plantation d'une haie par le CPIE, il leur est interdit de planter des Aubépines à moins de 500 m d'un verger et elles ne doivent composer que 5% au maximum des arbustes plantés. Alban nous raconte qu'autrefois on utilisait les noyaux des cenelles (les fruits des aubépines) broyés et grillés pour faire un succédané de café.
Deux Merisiers (cerisier sauvages) font aussi partie des arbres répertoriés sur le sentier. Alban en a profité pour nous faire observer deux petites glandes rougeâtres à la base des feuilles qui sont nectarifères et permettent à l'arbre d'attirer encore plus les insectes pollinisateurs.
Même si la sécheresse de cet été a amené de nombreux arbres à se débarrasser d'une partie de leur feuillage, nous avons trouvé d'une manière générale une majorité d'arbres n'ayant perdu pour le moment que 10% de leur feuilles, les chênes n'étant qu'au tout début de leur chute. Cette année encore nous avons constaté qu'ils portaient peu de fruits.
Nous sommes ensuite redescendus vers le verger conservatoire ou quatre arbres sont répertoriés pour les observations.
À l'issue de la Rando'clim la Confrérie des Fins Goustiers a offert un verre de cidre aux participants.
Deux rendez-vous Rando'clim sont fixés chaque année sensiblement à la même date. Les prochains seront le vendredi 2 avril et le vendredi 1er octobre 2021.
Entre temps quelques personnes se chargeront de deux autres relevés début juin et début aout.
En dehors de ces rendez-vous conviviaux, tout le monde peut contribuer à ce programme de science participative. Le livret explicatif et les fiches à compléter sont disponibles au CPIE, 12 rue Guimond des Riveries à Mayenne et dès l’année prochaine les observations pourront être envoyées directement à partir d’un smarphone grâce à une application. En Mayenne, un autre sentier se trouve à Mayenne près du collège Jules Ferry.
Les études naturalistes, portant sur la faune, la flore, l’astronomie ou comme ici les effets des changements climatiques, nécessitent de compiler un très grand nombre d’observations pour avancer. La participation du plus grand nombre permet de les multiplier et chacun peut ainsi contribuer à une démarche scientifique. C’est aussi une manière de mieux comprendre comment fonctionne la science…
Pour le compte-rendus et les photos des précédentes Rando'clim de Sainte-Anne de Champfrémont, cliquez sur les liens suivants :
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