Le 23 décembre 2015 à 23 h André Hiron est décédé. Il avait soixante-dix-sept ans. L’église de Champfrémont, même bondée, n’a pas suffi pour accueillir tous ceux qui sont venus lui rendre un dernier hommage le mercredi 30 décembre.

Avec quelques autres, dont Marcel Huzé, André Hiron a été en 1987 à l’origine de la création de notre association qui s’appelait alors Ordre de la Confrérie des Fins Goustiers du Pays de Pail. Il en a été le premier Grand Maistre et il en était toujours le Grand Maistre d’honneur. Mais pour nous, Dédé, comme il aimait que ses amis l’appellent, était bien plus que cela. Il était cet homme souriant, chaleureux et généreux, toujours présent et arborant fièrement sa tenue de Fin Goustier à nos concours cidricoles, aux remises de prix, à nos assemblées générales et aux rencontres conviviales qui nous regroupent comme la galette, le repas annuel ou le barbecue d’été.

Il n’intervenait plus dans les décisions de la Confrérie – devenue depuis 2011 Confrérie des Fins Goustiers du Haut-Maine et Pail – mais souvent il nous a dit combien il était heureux de nous voir perpétuer l’action pour la défense et la promotion des produits du terroir qu’il avait engagée dès 1986 avec le premier concours cidricole. Ses yeux pétillaient alors et nous nous sentions fiers, fiers d’être en quelque sorte ses enfants, volant de nos propres ailes sous son regard bienveillant.

Pour certains d’entre nous, qui le connaissions encore mieux, il était un ami avec qui nous avions plaisir à passer des après-midis entiers à identifier des champignons, à discuter, à fouiller dans sa mine inépuisable de photos, de cartes postales, d’articles de presse, tous soigneusement triés et rangés dans des classeurs ou dans des boites.

Il nous racontait sa vie, son village de Champfrémont, les anciennes foires de Sainte-Anne et de Saint-Thuribe qu’il avait connues enfant quand, entre dix et douze ans, il faisait le « toucheux » (meneur de bestiaux) pour conduire les animaux vendus à Sainte-Anne jusqu’à la gare de Lalacelle à sept kilomètres de là. Il nous racontait aussi comment, tout gamin, pendant la Seconde Guerre mondiale, il portait parfois des provisions aux maquisards de Courtemiche, à la lisière de la forêt de Multonne, ou ses rencontres avec Hélène Grégoire, écrivaine née à Champfrémont, ou encore les premières journées mycologiques et l’étonnement des journalistes de l’ORTF – la télévision de l’époque – venus pour un reportage et découvrant ébahis le plantureux repas préparé par son épouse Jeannine, la goutte et le bon cidre mayennais. C’est avec plaisir qu’il nous aidait dans la rédaction de certains articles de ce blog. Et puis, en fin d’après-midi, il nous disait : « Allez, vous avez bien encore un peu de temps ! » et il sortait sa fameuse tarte aux pommes, dont la pâte tellement délicieuse craquait sous la dent et fondait dans la bouche, et une bouteille de bon cidre pour l'accompagner.

Nous pensions avoir encore des années devant nous à partager encore plein de choses avec lui, nous ne pensions pas à l’enregistrer ou à prendre des notes, mais voilà… Tardivement diagnostiqué, son cancer l’a emporté rapidement. Pour ne pas dire que quelqu’un est mort, on dit parfois qu’il « s’est éteint » ou qu’il « est parti ». Pour André c’est un peu vrai. Il ne voulait pas souffrir, il s’est « laissé partir » et notre consolation est de savoir qu’il n’a pas eu à trainer et à subir les lourds, douloureux – et à ce stade, inutiles – traitements qui auraient certainement déplu à cet adepte convaincu de l’homéopathie.

Vous trouverez des photos d’André Hiron de 2007 à 2013 dans le diaporama ci-dessous que vous pouvez laisser défiler ou dont vous pouvez faire passer manuellement les photos en cliquant sur les flèches à droite ou à gauche. Les photos sont classées par ordre chronologique.

Vous trouverez d’autres photos d’André Hiron de 2014 à 2015 dans le diaporama ci-dessous que vous pouvez laisser défiler ou dont vous pouvez faire passer manuellement les photos en cliquant sur les flèches à droite ou à gauche. Les photos sont classées par ordre chronologique.

Souvenons-nous.
Souvenons-nous de ce petit garçon né aux Émondés le 21 mars 1938 dans le petit village de Champfrémont en Mayenne. Il y a vécu dans la maison familiale de Vignerette où il s’est ensuite installé avec sa femme Jeannine. Il avait une sœur jumelle et régulièrement ils se bagarraient pour avoir l’assiette à dessert du mois de mars, tant et si bien qu’un jour ils l’ont cassée ! Il en manquait donc une dans sa série quand il nous servait sa tarte aux pommes et André a été très ému quand nous avons réussi à retrouver la même sur « Le Bon Coin » !
De 1952 à 1958 il fut boulanger-pâtissier. Voilà donc  le secret de ses talents pour la pâte feuilletée !!! Nous pensions en 2016 lui proposer de présenter une de ses tartes au concours organisé par nos amis et confrères de la Bolée de Concise… Cela ne se fera pas.
À partir de 1958 il entre au lycée Alain d’Alençon comme aide technique au laboratoire. Il y fera toute sa carrière, montant petit à petit les échelons en passant les concours internes, aimé des enseignants dont il était le précieux assistant et des élèves qui sont nombreux à lui avoir gardé leur amitié. Lors de ses obsèques, Yves Cortès, qui l’a connu lors de son arrivée au lycée, a évoqué « ce laborantin qui avait à cœur de faciliter l’arrivée dans le grand et prestigieux lycée des petits collégiens, surtout ceux du Pays-de-Pail ». Sa passion pour la nature, les sciences, la géologie, les champignons, la botanique… s’épanouit dans ce travail et suscite de nombreuses vocations.
Parallèlement et avec d’autres Campoforméniens (ainsi appelle-t-on les habitants de Champfrémont), en particulier Marcel Huzé, Denis Duboust ou le maire de la commune, Alain Méry de Bellegarde, il s’émeut de la disparition des anciennes foires de la Sainte-Anne et de la Saint-Thuribe qu’ils ont bien connues dans leur enfance et que même  l’occupation allemande n’avait pas supprimées mais qui se sont depuis déplacées à Lalacelle pour être plus proches de la gare. Dès 1971 est créée « l’Association des Amis de Sainte-Anne et de Multonne » et avec cette association et tous les bénévoles qui l’épaulent, tout va s’enchainer pour André.
14 avril 1971 : renaissance de foire de la Saint-Thuribe
1971-1972 : restauration de la chapelle Sainte-Anne-de-Champfrémont
1973 : renaissance de la foire de la Sainte-Anne au mois de Juillet.
 

1974 : premières journées mycologiques en octobre accompagnées d’une exposition pomologique
1977 : André lance la création de trois sentiers pédestres. Une plaquette est éditée présentant en détail le sentier de Courtemiche, la flore, la faune et les arbres que l’on peut y rencontrer. Les enseignants de sciences naturelles et d’histoire-géographie des lycées Alain et Marguerite de Navarre d’Alençon et certains de leurs élèves participent activement aux repérages permettant de réaliser cette brochure. Preuve encore une fois de la capacité d’André à fédérer toutes les bonnes volontés.
Cette même année 1977, André est élu conseiller municipal de Champfrémont, il succède à son père (lui aussi prénommé André) et devient deuxième adjoint en 1978 et premier adjoint de 1983 à 2001 (soit vingt-quatre ans de mandat).
1982 : création d’une association de randonnée encore très dynamique aujourd’hui : la Sentine, dont  André était vice-président. C’est d’ailleurs lui qui a trouvé ce nom : « sentine » est le nom de la myrtille en parler-gallo du Maine et on trouve des myrtilles dans notre région de petite montagne, l’association a donc immédiatement adopté sa proposition.
1986 : pour animer encore plus le village André propose deux nouvelles idées : une course pédestre qui deviendra la Course de Multonne chaque 8 mai et un concours de produits cidricoles. Daniel Lenoir écrit à ce sujet : « Nous avons tant de bons souvenirs avec lui et ses compères de Champfrémont quand nous lancions les concours de cidre et de poiré dans les années 86/87/88. André, alors premier adjoint faisait tout pour promouvoir Sainte-Anne. »
1987 : naissance de la Confrérie des Fins Goustiers du Pays de Pail dont il est élu Grand Maistre.
 

1991 : c'est André qui, après deux ans d'interruption permet le rédémarrage de la course de Multonne. À ce sujet Claude Leblanc (président de l'AS Multonne) dit : "André était un créateur. Nous lui devons cette course. Il nous reste, à Multonne, le souvenir de quelqu'un qui n'a jamais laché le morceau".

1994-1995 : création du verger conservatoire en partenariat avec la commune et le Parc Normandie-Maine dont André était membre du conseil d’administration. C’est également en 1994 que l’exposition pomologique accompagnant les journées mycologiques est remplacée à la demande du Parc (qui fait lui-même beaucoup d’animations autour de la pomme) par une exposition botanique. André demande alors au naturaliste et botaniste Maurice Gérard de Mayenne Nature Environnement de l’aider dans ce domaine. Ce seront désormais des « journées mycologiques et botaniques » dans lesquelles André s’investit à fond, permettant la venue de mycologues et de botanistes de qualité et obtenant les autorisations nécessaires pour les sorties (qui se font sur des terrains privés). Grâce à son enthousiasme, à ses contacts et à sa volonté ces journées sont bientôt aussi connues que celles qu’organisent de beaucoup plus grandes villes (même si aujourd’hui les journées mycologiques se multiplient un peu partout dans la Mayenne, la Sarthe et l’Orne).
Le 11 octobre 2014, lors de la célébration du quarantième anniversaire des journées mycologiques et botaniques les Fins Goustiers ont fait la surprise à André de venir en tenue au repas convivial regroupant les membres des Amis de Sainte-Anne et les mycologues et botanistes des associations partenaires de ces journées. Il en a été sur le coup surpris puis particulièrement ému. Les deux associations ont ainsi pu rendre hommage à leur fondateur qui, en 1997 dans l'Orne Hebdo, répondait à la question : "Comment aimeriez-vous qu'on se souvienne de vous ?" en disant : "J'aimerais qu'on se souvienne des arbres que j'ai plantés à Champfrémont avec les Amis de Sainte-Anne."

Quand en 2006 un nouveau concours cidricole est organisé après un temps de sommeil, André est immédiatement partant, de même en 2007 lors du redémarrage de la Confrérie des Fins Goustiers avec l’intronisation de nouveaux membres.

N’oublions pas son implication dans l’aménagement du site de Sainte-Anne, l’acquisition et la restauration des cabanes en bois (le Campot et le Multonne), la création de l’étang communal et celle du square dans le centre bourg. Ajoutons qu’il a toujours su partager sa vie entre ses activités multiples et sa famille : sa femme Jeannine qui l’a accompagné dans son investissement et dont il a su s’occuper quand la maladie l’a frappée, leurs quatre enfants, dix petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants, tous fiers d’avoir eu un père ou un grand-père présent, chaleureux, ouvert au dialogue et attentionné, ainsi qu’ils l’ont rappelé lors de ses obsèques.

Le Nord-est mayennais doit beaucoup à André Hiron. Nous lui devons beaucoup.
André nous ne t’oublierons pas.
Comme l’a dit notre confrère Didier lors de l’éloge funèbre qu’il a prononcé pour André lors des obsèques de ce dernier le 30 décembre : « Rappelons-nous que la vie n’est qu’un passage et que ce passage André l’a complètement rempli d’actions… Dédé, aujourd’hui, ce n’est pas un adieu que nous t’adressons, non, car tu resteras près de chacun de nous, là, juste à côté de notre cœur, comme un formidable personnage, un exemple, que l’on ne cessera jamais d’admirer, avec la certitude de ne jamais pouvoir t’égaler. »
 

Vous trouverez d’autres photos d’André Hiron ou des manifestations qu'il a crées de 1973 à 2007 dans le diaporama ci-dessous que vous pouvez laisser défiler ou dont vous pouvez faire passer manuellement les photos en cliquant sur les flèches à droite ou à gauche.

►Pour plus de détails sur l’action d’André Hiron à Sainte-Anne cliquez sur le lien suivant : La chapelle et les foires de Sainte-Anne-de-Champfrémont.

►Pour l’histoire de la Confrérie et sa fondation par André Hiron cliquez sur : Histoire de la Confrérie des Fins Goustiers.

►Pour l’histoire des concours cidricoles institués par André à partir de 1986 cliquez sur : Histoire des concours cidricoles.

►Pour le compte-rendu des 40èmes journées mycologiques de Sainte-Anne de Champfrémont et l’homme alors rendu à André par Les Amis de Sainte-Anne et la Confrérie des Fins Goustiers cliquez sur : 40èmes journées mycologiques et botaniques de Sainte-Anne.

►Pour un article relatant comment André et ses amis fabriquaient le cidre dans les années quatre-vingt cliquez sur : La fabrication du cidre à l’ancienne à Vignerette en 1980.

►Si vous avez Facebook vous pouvez aller voir le groupe que Marlène, l’une des filles d’André et son époux Francis lui consacrent à travers des photos de Champfrémont, Sainte-Anne, Vignerette et des photos souvenirs d’André, en cliquant sur le lien suivant :  Les amis de Dédé

Dans l'Orne Hebdo du 29 décembre Jean Marie Foubert a lui aussi rendu hommage à André Hiron :

De même Lucie Royer dans le Courrier de la Mayenne du jeudi 7 janvier 2016 :

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