Samedi 18 avril 2015 un groupe de Fins Goustiers a visité le musée du cidre du domaine de la Duretière, à Melleray-la-Vallée, sur la commune de Lassay-les-Châteaux, .
Gérard et Huguette Le Royer, producteurs de produits cidricoles, ont commencé en 1971 à rassembler les outils autrefois utilisés dans leur activité. En 1988 ils ont décidé de faire partager leur passion et ouvert ce musée dans une des granges de leur exploitation. Ce musée (privé) compte plus d’un millier d’objets, dont certains rares et anciens, concernant toute la chaine de production : la fabrication du cidre et du Calvados, mais aussi celle des tonneaux, des bouteilles et des bouchons.
Aujourd’hui c’est Josselin Le Royer, leur fils, qui s’occupe des 20 hectares de l’exploitation et de la production : cidre, poiré, vinaigre de cidre, jus de pomme, Calvados, Calvados Domfrontais (à base de cidre et de poiré), Pommeau de Normandie et Douceur de poiré (à base de jus de poires à poiré et de Calvados Domfrontais). Et c’est madame Huguette Le Royer, dont nous avons particulièrement apprécié les connaissances et la gentillesse, qui fait visiter le musée (toutes les visites sont guidées).
Nous espérons que cet article vous donnera envie d’aller visiter ce musée qui mérite totalement le détour. Il est ouvert de Pâques au 30 septembre, du lundi au samedi, de 14 h à 19 h, et en juillet-aout, tous les jours de 10 h à 19 h. Les groupes sont reçus toute l’année sur rendez-vous. Téléphone : 02 43 04 71 48, courriel : gleroyer@terre-net.fr
Les Fins Goustiers devant les outils permettant de greffer, ôter le gui des pommiers, tailler : serpes, faucilles, sécateurs, fendoirs, tranchoirs...
Un ancien ramasse-pommes (on a commencé à utiliser ce genre d’appareil en 1940). Au mur des paniers à pommes (appelés resses en parler-gallo de notre région). Ils étaient fabriqués en bois de châtaigner, arbre très répandu dans notre région de collines et de forêts.
Derrière madame Le Royer un autre ramasse-pommes et une grille permettant de se débarrasser des feuilles et brindilles ramassées avec les pommes.
Une baratée : mesure spécifique de notre région, une baratée correspond à 25 kg de pommes qui donneront environ 16 litres de cidre. Encore aujourd’hui beaucoup de personnes comptent en baratées et en panerée (un panier à pommes). Une panerée correspond à une demi-barattée.
Huguette le Royer nous montre une lanlaire datant du 16ème siècle : demi-meule en pierre permettant à un homme d’écraser des pommes par petite quantité.
Les Le Royer sont très fiers de leur tour à piler les pommes qui date du 17ème siècle. Il est en bois de chêne et ils l'ont patiemment remonté et soigneusement chevillé. Il reste aujourd’hui très peu de tours en bois et celui-ci est magnifiquement conservé. De plus il s'agit d'un tour à deux meules.
Pour des détails sur le fonctionnement de ce type de pressoir cliquez sur le lien suivant et reportez-vous à notre article : Le cidre à l’ancienne.
Sur la photo on aperçoit aussi un coupe-marc permettant de recouper le bord des lits (paille de seigle et pulpe de pommes écrasées) pour le remettre sur le dessus et récupérer plus de jus. Après pressage le marc de pomme était donné aux animaux par petite quantité. Par contre ces derniers n’aimaient pas le marc de poire. Il était donc séché et utilisé en hiver pour se chauffer. On laissait également du marc en tas pour que les pépins germent, ce qui permettait d’avoir des jeunes arbres quand il était nécessaire de remplacer un arbre dans le verger. Le baquet visible au premier plan a des cercles en bois de châtaigner.
Petit pressoir familial à claies, de forme rectangulaire (forme assez rare, on préférait en général des pressoirs à claies ronds).
La fabrication du Calvados (ici on peut parler de Calvados car nous sommes dans la région d’appellation ce qui n’est pas le cas un peu plus au sud) était effectuée soit dans un atelier public fixe où chacun apportait son cidre à faire bouillir, soit par un bouilleur de cru ambulant qui se déplaçait de ferme en ferme avec son alambic tiré par des chevaux, soit dans des petits alambics familiaux ne permettant pas de bouillir une grande quantité.
Il y avait également différentes sortes d’alambic.
Schéma de l'alambic à jet continu :
Dans ce système c’est le cidre qui sert de refroidisseur pour le serpentin (à droite) et non pas de l’eau. Ce cidre ainsi réchauffé passe ensuite dans la bouilloire (à gauche) où sous l’effet de la chaleur produites dans la chaudière par un feu de bon bois les vapeurs d’alcool montent puis sont refroidies dans le serpentin (à droite).
Autre alambic fonctionnant « à la repasse » avec une double distillation : le produit obtenu lors de la première chauffe est ensuite distillé une deuxième fois (la repasse).
Le serpentin visible sur la photo à droite ne l’est pas normalement puisqu’il est hermétiquement enfermé dans une cuve contenant l’eau de refroidissement. Cet alambic permet de fabriquer 90 litres de Calvados pour 1000 litres de cidre. Le Calvados du Pays d'Auge est obligatoirement fabriqué dans un alambic à la repasse. Chaque appellation impose une certain nombre d'obligations.
Pour plus de précisions à ce sujet voir notre article en cliquant sur : Les appareils de mesure pour le cidre et l’eau de vie.
Vaisselle et récipients liés au cidre, bouteilles, dames-jeannes, crapaud en terre avec des cordes pour le tenir, moques à cidre…
Pour plus de précisions sur ce produit qui était autrefois fabriqué et consommé dans toutes les fermes et que l'on appellait "le beurre du pauvre" vous pouvez lire notre article en cliquant sur :Un ancien produit bin d’cheu nous, le pommé.
La fabrication des bouchons de liège. Un chêne liège ne commence à produire qu’au bout de 35 ans. Mais cette première récolte n’est pas utilisable. Il faut ensuite attendre 9 ans pour avoir une deuxième récolte de liège de très bonne qualité et ensuite on récolte tous les neuf ans.
L’atelier du tonnelier, magnifiquement reconstitué nous a passionnés avec ses nombreux outils : godendart (pour scier à deux), rabots, planes, trusquins, grattoirs, bondonnières (pour percer les bondes), herminettes, jabloir (pour faire la rainure où prendra place le fond du tonneau)… Nous avons aussi admiré les cercles de châtaignier qui servaient autrefois dans notre région (et en Bretagne également) à cercler les tonneaux (avant le métal) et nous avons surtout apprécié les explications très approfondies de madame Le Royer.
L’atelier du tonnelier se continue par celui du lavage, remplissage et bouchage des bouteilles.
Curieuse pince, appelée "pince à dégoudronner" servant à casser la cire autour du goulot des bouteilles de Calvados.
Nous terminons par une dégustation des produits de l’exploitation. Nous apprécions particulièrement la Douceur de poiré, mélange de jus de poires à poiré et de Calvados Domfrontais.
L’appellation Calvados Domfrontais existe depuis 1997. Ce Calvados doit obligatoirement être produit dans un alambic à colonne à base d’un mélange cidre et poiré (au minimum 30% de ce dernier). Comme son nom l’indique il n’est produit sous cette appellation que dans le Domfrontais.
D'autres photos avec ce diaporama que vous pouvez soit laisser défiler soit faire passer manuellement en cliquant sur les flèches à droite ou à gauche.
La Confrérie des Fins Goustiers au musée du cidre, domaine de la Duretière à Melleray-la-Vallée.