Samedi 7 septembre 2013, une délégation de sept membres de la Confrérie des Fins Goustiers du Haut-Maine et Pail a visité la ferme cidricole d’Hugues et Corinne Desfrièches, producteurs-récoltants à L’Aunay, sur la commune de Saint-Marguerite de Carrouges. Ils y vendent du calvados, du pommeau, du cidre, du poiré, des jus de pomme et de poire et du vinaigre de cidre. Lors du concours de produits cidricoles 2013 de la Confrérie des Fins Goustiers du Haut-Maine et Pail, leurs cidres bouchés brut et demi-sec ont tous deux obtenu une médaille d’argent.
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Hugues Desfrièches nous accueille sous le soleil. Cette ferme est très ancienne puisqu’elle existe depuis le 14ème siècle mais tous les bâtiments ont été magnifiquement restaurés.
L’ancien pressoir avec sa roue de granit (le gadage) conservé au milieu de la cour atteste d’ailleurs de l’ancienneté de la production cidricole à L’Aunay dont le nom vient de l’aulne, arbre fréquent dans la région.
En 1989, un anglais, John Mc William, a acheté cette ferme après un parcours de responsable de plantation qui l’a mené de l’Asie à l’Afrique. Avec son épouse Lynn, il y a planté des pommiers de dix variétés différentes et en 2002 ils s’y sont installés et ont démarré la production cidricole après avoir suivi une formation auprès du service cidricole de la Chambre régionale d’agriculture de Normandie.
Hugues Desfrièches a racheté cette ferme cidricole aux Mc William en septembre 2011. Il arrive alors de la région de Lisieux avec trente années d’expérience en production de cidre, de calvados et de pommeau.
Dans la région de Lisieux la famille Desfrièches installée à Saint-Désir-de-Lisieux, est connue depuis 1919 et quatre générations pour la qualité de ses produits et en particulier de son calvados « Le Père Jules » !
Vous pouvez à ce sujet cliquer sur lien suivant et consulter le site : http://www.calvados-leperejules.com/
La ferme cidricole de l’Aunay a une superficie de 30 hectares dont 10 hectares de pommiers à cidres de différentes variétés plantés sur un excellent sol de granite décomposé que l’on trouve dans la région de Carrouges. Hugues Desfrièches s’occupe seul de l’exploitation avec son épouse Corinne. Selon les besoins il fait intervenir des entrepreneurs (par exemple pour presser les pommes ou pour la distillation).
Les Desfrièches ont restauré les bâtiments du 14ème siècle pour ouvrir les caves au public et en permettre la visite (avec accessibilité handicap). Nous commençons par la visite du premier caveau, celui où se trouvent les citernes à cidre et à jus de fruits (pommes et poires). Celles-ci sont en fibre de verre pour les jus de fruit ou en inox pour le cidre. Hugues privilégie ces matériaux pour une meilleure hygiène et a une préférence pour l’inox qui, bien que plus cher à l’achat, ne donne aucun goût et ne vieillit pas : pour preuve il nous montre une cuve datant de 1980.
Certaines de ses citernes, très hautes, ont été installées avant la réfection du toit !
Hugues nous montre une cuve dans laquelle le calvados est ventilé par un système de brassage pour en éliminer les éthers et améliorer ainsi son goût.
La filtration est aussi très importante : il nous montre un filtre « à terre » qui utilise de la poudre de corail.
Nous passons ensuite au deuxième caveau qui fait face au premier. Hugues y a installé un bar pour la dégustation et la vente de ses produits.
Mais surtout, c’est dans ce bâtiment, dans les caves qui font suite à l'espace dégustation, que vieillissent les calvados et les pommeaux ! Là c’est le domaine du bois et des tonneaux !
Le sol des caves est gravillonné pour pouvoir respirer ce qui est indispensable à la bonne conservation des produits.
Hugues nous explique que l’évaporation du calvados une fois mis en tonneau (souvent appelée la « part des anges ») dépend de plusieurs facteurs : la température, le degré d’alcool, l’épaisseur du bois, la taille du tonneau… Sa préférence va aux tonneaux de 350 litres car un petit tonneau à beaucoup de perte. Ici le pommeau vieillit en fûts de chêne de 350 litres, certains fabriqués dans le Pays d’Auge par son frère qui est tonnelier, Valéry Desfrièches.
D’autres tonneaux sont de véritables œuvres d’art car Hugues et un admirateur du travail bien fait de nos ancêtres.
Ces deux caveaux sont aussi le domaine des outils anciens dont Hugues a décoré les murs ! Outils de tonneliers, outils agricoles, outils cidricoles… Nous admirons entre autres les bondonnières (ancien outils servant à percer les tonneaux).
Sur un mur Hugues nous montre des grattoirs à tonneaux, à lame incurvée et à deux manches, que les tonneliers utilisaient pour les travaux de finitions des tonneaux et qui permettaient d’obtenir une surface bien lisse, preuve nous dit-il de l’amour que les gens d’autrefois portaient à leurs tonneaux. À côté des grattoirs deux tirants de tonneliers, l’un en bois et l’autre en métal. Cet outil sert à poser le dernier des cercles métalliques maintenant en place les douelles des tonneaux. Selon les régions on l’appelle tirant, tire, tire à cercle, tire à barre, tiretoir, chien ou chassoueu…
Après la visite des caves nous revenons vers la salle de vente pour une dégustation de poiré, cidre, pommeau et calvados tous excellents. Nous remarquons particulièrement le poiré, très pâle et d’un goût très fin. Les poiriers des Desfrièches ne sont pas à L’Aunay dont les vergers sont uniquement de pommiers mais dans le Pays d’Auge, leur région d’origine.
La salle de dégustation-vente est une très belle pièce, elle aussi décorée d’objets anciens et de diplômes obtenus dans divers concours. Nous y découvrons d’anciennes carafes à cidre de trois litres et une carafe à calvados graduée qui était utilisées dans les restaurants.
Nous admirons également un coupe-marc qui date du18ème-19ème siècle. Cet outil tranchant servait autrefois lors de la fabrication du cidre : après le pressurage du marc (les pommes écrasées) il reste toujours un peu de jus dans le bord des lits (les couches de marc). Après avoir enlevé les pièces de bois servant à presser, on tranchait donc la périphérie des lits avec un coupe-marc pour détacher des bandes d’environ 10 centimètres de large que l’on découpait et remettait sur le dessus du marc après les avoir secouées à la fourche pour enlever la paille. On humidifiait l’ensemble avec quelques seaux d’eau, on replaçait les madriers et on serrait à nouveau. Cela permettait de recueillir un peu plus de moût (le jus de pomme).
Sur la fabrication du cidre autrefois vous pouvez cliquer sur le lien suivant et vous reporter à notre article : La fabrication du cidre à l’ancienne.
Hugues Desfrièches mise beaucoup sur la vente directe. Pour élargir sa clientèle il s’est inscrit sur un site d’accueil de camping-caristes : France Passion. Les camping-caristes voyageant à bord d’un véhicule autonome (eau, sanitaire, déchets, etc.) et ayant adhéré à la formule invitations de France Passion peuvent stationner librement chez 7000 vignerons, éleveurs, agriculteurs… dans toute la France.
Vous pouvez trouver des informations sur cette formule sur le site : www.france-passion.com
Les Desfrièches ont également installé une coquette chambre d’hôtes en tourisme-handicap à la suite de leur maison d’habitation, ce qui permet aux visiteurs de séjourner dans un cadre champêtre et agréable et de mieux découvrir le domaine et le métier de cidriculteur. Une deuxième chambre d’hôte est en projet.
Hugues Desfrièches aimerait que le calvados qu’il a commencé à faire dans la région de Carrouges devienne un grand calva méritant une appellation. Le calvados carrougien a en effet une AOC mais pas d’appellation spéciale. Pour le moment il vend encore un calvados d’appellation « Pays d’Auge » provenant du stock avec lequel il est arrivé de Saint-Désir-de-Lisieux où il a commencé à distiller en 1979. Ce calvados a remporté de nombreuses médailles en 2013 à la foire de Pâques de Vimoutiers et son pommeau vieux de quatre ans a eu une médaille de bronze au salon de l’agriculture de Paris en février 2013. Quant à ses cidres bouchés brut et demi-sec, ils ont tous deux obtenu une médaille d’argent lors du concours de produits cidricoles 2013 de la Confrérie des Fins Goustiers du Haut-Maine et Pail.
En 2013, Hugues Desfrièches a rejoint le réseau de producteurs Orne Terroirs. Ce réseau propose un catalogue de plus de 260 produits locaux variés (produits laitiers, cidricoles, produits de la basse-cour, escargots, poissons, viandes de porc, cerf, chèvre, bœuf, charcuterie, bière, etc.) dont la promotion est assurée par une douzaine de restaurateurs et des boutiques spécialisées. Chaque année il édite une brochure présentant les différents producteurs et contenant des recettes originales mises au point par les restaurateurs partenaires et utilisant des produits Orne Terroirs. Vous trouverez des informations ainsi que des recettes de cuisine sur leur site Internet en cliquant sur le lien suivant : http://www.orne-terroirs.fr
Lundi 2 décembre 2013 après-mid,i une soixantaine d’adhérents de ce réseau et leurs partenaires ont rendu visite à Hugues Desfrièches à l’occasion des quatrièmes rencontres d’Orne Terroirs. Didier Birckel, membre de la Confrérie des Fins Goustiers, a participé dans le cadre de son travail en liaison avec la Chambre d’Agriculture, à cette visite de la ferme cidricole de Sainte-Marguerite-de-Carrouges. L’Orne Hebdo du 10 décembre a rendu compte de cette journée.
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En 2014, lors du concours général agricole de Paris, Hugues Desfrièche obtient deux médailles d'argent pour son cidre fermier et pour son pommeau de plus de trois ans.
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Pour visiter le site d'Hugues Desfrièches cliquez sur le lien suivant : http://www.calvados-huguesdesfrieches.com
Le diaporama suivant vous permettra de revoir les photos illustrant cet article ainsi que d'autres, également prises lors de la visite des Fins Goustiers chez Hugues et Corinne Desfrièches. Vous pouvez le laisser défiler ou faire passer les photos manuellement en cliquant sur les flèches à droite et à gauche.
Photos de la visite des Fins Goustiers à la ferme cidricole de Hugues et Corinne Desfrièches.