Selon la tradition, Saint-Julien, apôtre du Maine et premier évêque du Mans se serait arrêté là où se trouve aujourd’hui Saint-Pierre-des-Nids, qui était alors une petite colonie appelée La Potestas, et qu’il aurait évangélisée et placée sous la protection de saint Pierre. La toute première église était surement en bois et a été construite vers le 3e ou 4e siècle.
Les premiers monastères apparaissent ensuite de la région : Couptrain-Saint-Calais (fondé par saint Silviard), Javron (crée par Constantin au 6e siècle), Vendeuvres (fondé par saint Léonard au 6e siècle), Saint-Céneri (où le saint du même nom fonde une église et un monastère dédiés à saint Martin au 7e siècle).
Au 9e siècle, le Maine passe sous domination bretonne. Abbon, écuyer du duc de Bretagne Nominoë, devient le premier seigneur de la région. Il réside sans doute à Gâvres (Gesvres). Mais dès la fin du 9e siècle, les incursions vikings font des ravages.
Les monastères de Saint-Léonard et de Saint-Céneri sont mis à sac et La Potestas est pillée.
Entre temps, Ernault le Gros, fils d’Abbon lui a succédé, puis le fils de ce dernier : Giroie.
C’est lui qui fait reconstruire au 11e siècle l’église de La Potestas sans doute détruite pas les vikings. Il suit un plan très simple : une simple nef et un chœur rectangulaire. Avec quelques modifications ultérieures, cette église subsistera jusqu’au 19e siècle.
Elle ressemble à celle de Gesvres, en photo ci-dessous, qui date de la même époque et n’a pas été détruite.
En 1050, Orderic Vital dans son « Historia ecclesiastica » (traduite sous le titre « Histoire de la Normandie » aux éditions François Guizot, 1825-1827) mentionne cette église et donne le nom de la paroisse : Sanctus Petrus de Potestate Nidi.
À la mort de Giroie vers 1031 ou 1032, son fils Guillaume 1er Giroie lui succède. Le prénom du premier Giroie devient le patronyme de toute la famille qui va régner sur la région jusqu’au 14e siècle. Son frère, Robert 1er Giroie rattache La Potestas à la puissante abbaye de Saint-Evroult en 1050.
Robert II Giroie, son petit-fils, qui vient de construite la belle église romane de Saint-Céneri, veut au début du 11e siècle doter celle de La Poôté d’une tour lui permettant de rivaliser avec sa voisine.
L’abbé David dans « La Poôté dans l'histoire » cite un texte (de Du Peuroux ?) la décrivant :
« Un religieux bénédictin, habile en architecture, fut chargé d’en dresser le plan ; elle devait être de forme quadrangulaire, former abside dans le bas et mesures 12 toises de haut (72, pieds). Selon l’usage de cette époque, on édifia cette tour au chevet de l’église, du côté de l’épitre. Chacune de ses faces était percée, aux deux tiers de sa hauteur, d’une belle grande fenêtre en plein cintre ornée de moulures ; un cordon de granit circulait à la base de ces fenêtres et soutenait à droite et à gauche, près des encoignures, deux colonnettes également en granit, surmontées chacune d’une figure en guise de chapiteau ; des colonnettes s’élevaient jusqu’à un autre cordon formant le dernier étage de la tour. Là, sur les quatre côtés, s’ouvraient symétriquement au-dessus de la grande fenêtre, deux autres fenêtres plus petites, d’où s’échappaient aux jours solennels les joyeux carillons des cloches argentines, pendant qu’à l’étage inférieur bourdonnaient les grosses cloches d’airain. Sur le côté méridional, au-dessus d’un cordon de granit marquant la moitié de la tour, on distinguait un cadran solaire, qui fut remplacé par un cadran d’horloge au 18e siècle.
Ce monument ne fut pas surmonté d’une flèche. Ses deux pignons regardaient l’un l’Orient, l’autre l’Occident ; on avait accès au haut de cette tour d’abord par un escalier en bois, établi à l’intérieur jusqu’à la naissance des voutes de l’église ; puis de là il fallait grimper par une série d’échelles, d’étage en étage, jusqu’au sommet. »
Robert II Giroie mourut en 1130, avant l’achèvement des travaux.
Au 17e siècle l’église se compose donc d’une nef terminée par un hémicycle formant le chœur, à droite la cage de la tour et à gauche une petite chapelle dédiée à la Vierge. En 1480 on avait construit une petite chapelle dédiée à sainte Anne et en face une autre dédiée à sainte Catherine et à saint Étienne.
Elle ressemblait à celles de Ravigny, Boulay, Champfrémont ou Gesvres. Mais elle restait trop petite.
D’après les notes que l’abbé Fortin a prises dans les Archives sur le clergé de la Poôté au 17e siècle, c’est Mathieu Fortin, devenu en 1625 curé de La Poôté, qui fut à l’origine de son agrandissement.
Il fit construire deux murs extérieurs, refaire une toiture « puis on démolit les murs de l’ancienne nef et on les remplaça par des colonnes de granit reliées entre elles par des arcades en plein cintre qui s’élevaient seulement à la naissance de la voute. Le chœur fut également agrandi. »
L’église, même agrandie au 17e siècle, se révèle encore trop petite au 19e. La Poôté est chef-lieu de canton et la population (alors très croyante) est alors de plus de 3000 habitants. Ajoutons que cette ancienne église se trouvait plus au centre de l’actuelle place de la Poôté et était entourée par le cimetière et les maisons. La pompe qui s'est longtemps trouvée sur la place de la Poôté était alors un puits se situant dans l'église.
Extrait de la page 3 P 2833/21 du tableau d'assemblage section G (Le Bourg) du plan cadastral de La Poôté en 1838 (source : les archives de la Mayenne).
La circulation était difficile et on a voulu aérer la place pour des raisons d’urbanisme.
Aussi a-t-on détruit l'ancienne église et l’église actuelle, néo-gothique, fut construite l’abbé Léon Lièclegeard sur les terrains du presbytère et du cimetière.
Le cimetière a été déplacé route de Saint-Céneri, où existait déjà « le grand cimetière » de forme triangulaire, créé au 18e siècle par Claude Dollandon d'Ovraisy, devenu curé de La Poôté en 1690 et décédé en 1728, qui d'après les écrits de l'abbé Fortin, trouvait le cimetière situé autour de l'ancienne église trop petit. Les sieurs du Plessis-Bochard, MM. de la Fournerie avaient leur chapelle sépulcrale dans le grand cimetière.
La première pierre de la nouvelle église fut posée le 6 juillet 1880 et la consécration eut lieu le 22 avril 1883.