Lors du concours de produits cidricoles de la Confrérie des Fins Goustiers du Haut-Maine et Pail, les dégustateurs notent les échantillons présentés sur 22 points.
Le 10 mai 2014, à Gesvres, le calcul des résultats lors de la dégustation des produits cidricoles mis au concours.
Une note de 19 à 22 donne droit à une médaille d’or, de 16 à 18 à une médaille d’argent et un résultat de 14 ou 15 à une médaille de bronze.
Mais d’où vient cette notation et pourquoi notons-nous sur 22 et non pas sur 20 comme dans le système scolaire ? On nous pose parfois la question (en particulier les journalistes !) et nous répondons en général que nous ne sommes pas à l’école et qu’il s’agit d’un barème mis au point par l’INRA.
Récemment, en rangeant les archives de notre regretté Grand Maistre d’honneur André Hiron (qui nous a quittés le 23 décembre 2015) nous avons retrouvé un document apportant des précisions sur l’histoire de la notation du concours de produits cidricoles de la Confrérie. Il s’agit d’une « Étude d’une fiche de notation des cidres » rédigée par la Station de recherche cidricole de l’INRA du Rheu* (en Bretagne, près de Rennes) en septembre 1981.
* La Station de Recherche Cidricole du Rheu est aujourd’hui une des deux stations d’expérimentation – l’autre est à Sées dans l’Orne – de l’Institut Français des Productions Cidricoles (IFPC). Elle est attenante aux locaux de l’INRA et est spécialisé dans la partie transformation. Elle possède une halle pilote de 320 m², du matériel permettant l'élaboration du cidre à l'échelle pilote (de l'extraction au conditionnement), des salles de fermentation, des salles thermorégulées et un laboratoire.
Cette étude est à l'origine de la notation que nous employons encore aujourd'hui.
En septembre 1981 comme chaque année se réunissent les commissions de présélection des cidres qui seront présentés au Concours Général Agricole de Paris. L’objectif de ces commissions n’est pas de classer mais d’éliminer les produits ne présentant pas de qualités gustatives suffisantes pour le concours.
Toutefois, lors de la réunion qui se déroule à Rennes, les membres de la Station de Recherche Cidricole dépendant de l’INRA du Rheu décident de profiter de la présence de huit dégustateurs d’origines différentes pour éprouver une fiche de notation permettant de classer les cidres en attribuant à chacun une note globale obtenue en effectuant la somme des notes attribuées par les dégustateurs à différents caractères.
La fiche de notation des cidres élaborée à cette réunion retient six caractères leur semblant représenter la qualité d’un cidre : la première impression, la limpidité, la couleur, le pétillant, l’odeur et la saveur. L’odeur et la saveur sont notées sur 5, la limpidité, la couleur et le pétillant sur 2 et la première impression sur 6. Ce critère marque la réaction immédiate du dégustateur, avant analyse plus détaillée. Cela donne un total de 22.
Après avoir été mise au point, cette fiche est expérimentée par les huit dégustateurs qui analysent ainsi onze produits. La moyenne des notes est ensuite faite et les cidres classés en fonction des notes attribuées. La commission conclut que ce système de notation donne toute satisfaction.
Lorsqu’en 1983 un premier concours cidricole a lieu à Champfrémont ses organisateurs se tournent tout naturellement vers la Station de Recherche Cidricole de l’INRA du Rheu qui leur fournit cette fiche de notation.
Cette fiche sera utilisée dans tous les concours de produits cidricoles de Champfrémont jusqu’en 2000.
Le 12 avril 1986, lors de la dégustation du concours cidricole à Champfrémont. Chaque dégustateur remplit sa fiche de notation.
Lorsque le concours redémarre en 2006, c’est toujours cette même fiche qui sert, avec sa bizarre notation sur 22 qui intrigue parfois les personnes habitués aux notes scolaires sur 20.
Il faut ensuite faire pour chaque produit le total des points puis la moyenne des notes attribuées par les différents dégustateurs.
Les échantillons sont anonymes. Quand toutes les notes sont reportées, l’enveloppe cachetée contenant les noms des producteurs est ouverte et les résultats peuvent être proclamés.
Ces dernières années des modifications ont été petit à petit apportées à cette fiche de notation pour l’améliorer tout en en conservant l’esprit et l’essentiel. La « première impression », critère peu facile à faire comprendre aux dégustateurs, a finalement été supprimée après avoir un temps intégré « l’aspect de la bouteille » (il fallait à l’époque pousser les producteurs amateurs à soigner le visuel).
Cette suppression a permis de faire passer les critères couleur, pétillant et limpidité à trois points, l’odeur à quatre points et de mettre neuf points à la saveur qui nous semble le critère le plus important. Mais nous avons conservé cet intrigant total de 22 points !
Pour plus de détails sur l'origine des concours de produits cidricoles cliquez sur le lien suivant : Histoire du concours cidricole